Le village se préparait à la fête et la salle annexe de la mairie se remplissait avec des vigneronnes et vignerons, ainsi qu’avec des bouteilles aux vieux noms fièrement affichés sur les étiquettes : Grenache noir et blanc, mais également l’impressionnant gris, Lledoner pelut (le Grenache velue catalan), un Ribeyrenc de Saint Chinian, du Picpoul noir et de l’Aramon venu du Minervois, du Cinsault corsé et de l’Œillade fraîche et le Carignan bien sur, dans toute sa splendeur et sur presque toutes les tables, y compris dans le Carignan Corner de Michel Smith.
Des vins secs aux vins doux, nous retrouvions beaucoup de caractère dans toutes les bouteilles et dans tous les verres ! Interrompu seulement par deux petites heures d’un repas vigneron convivial et délicieux (et encore et encore des dégustations) et par une prestation quelque peu exotique de danse brésilienne, la salle était pleine du matin au soir, permettant aux amateurs et curieux venus de près ou de plus loin de découvrir un beau chapitre d’histoire et d’avenir, espérons-le, du Languedoc-Roussillon viticole. Mes papilles et moi-même en tous cas, nous nous sommes vraiment régalés !
Rien à ajouter...
Aramon, Picpoul noir, Aspiran... plantation de vieux cépages !
Permalien, par Pierre Cros
Aujourd’hui, grâce à la prise de conscience de techniciens agricoles qui ont minutieusement sélectionné les bois de ces vieux cépages, nous avons pu mettre en place une jeune vigne d’Aramon, Piquepoul noir et d’Aspiran.
Quelle belle revanche pour ces vieux de la vieille ! Eux que l’on a voulu exterminer au profit de cépages dit « nobles » dans une région où règne de plus en plus l’hérésie d’une viticulture mondialisée au détriment de ses origines.
Quelle belle revanche aussi pour nos Anciens, qui n’étaient pas forcément plus « couillons » que nous et qui avaient compris depuis belle lurette que ces ceps avaient, eux aussi, leur place dans nos terroirs arides. _ Enfin, quelle belle revanche personnelle… Per chez nous, il ne faut pas être en avance sur son temps, car lorsque l’on est trop « précurseur », le temps que la mode arrive, personne – et surtout pas nos décideurs – ne se souvient qu’il y a dix ans, on le faisait déjà.
Alors même si je dérange une fois encore, en étant le seul vigneron en France, à cultiver ce type de vigne expérimentale « hors normes » et même si je suis excessif en tout… je le sais… que les esprits chagrins et les âmes sensibles se rassurent… j’assume…
… et vous donne rendez-vous les samedi 12 et dimanche 13 mai, de 10h à 22h, en compagnie de notre ami Jean-Pierre, éleveur fromagier à la Ferme de Marcou. Il viendra vous faire déguster ses Cantals, St Nectaire… à emporter ou à consommer sur place avec sa charcuterie maison et son échine de porc grillé (10€ l’assiette – réservation souhaitée).
Une robe cerise, légèrement voilée. Au nez, encore de la cerise, mais également de la groseille, du sureau, du citron confit…
La bouche accueillante et confortable – fruits à noyau, olive noire, romarin frais – les quelques tanins soyeux, posés délicatement sous une acidité juteuse, donnant un bel équilibre à ce vin frais et suave.
C’est sur le millésime 1999 que j’ai rencontré ce vin pour la première fois. Élaboré avec les fruits quasi défendus de quelques vieilles vignes du Minervois – Carignan, Alicante Bouchet, Aramon et Picpoul noir – mon palais, formé aux cépages internationaux, était quelque peu perturbé. « C’était ça le goût des vins du Midi d’antan/de l’époque… ? »
Depuis, je n’ai jamais manqué un seul millésime des Mal Aimés. Souvent, je le bois un peu frais, au printemps ou en été. Mais je me rappelle encore d’un jour pluvieux début novembre il y quelques années, où je l’ai servi chambré et carafé sur un émincé de bœuf aux cèpes… Alors poivre blanc s’est mêlé aux olives et cerises, comme douceur et générosité à l’acidité sèveuse.
Je vous conseille de le déguster, si jamais il en reste, car pour moi ce vin restera toujours une belle expérience de goût, une belle surprise, loin des sentiers battus des vins universels.
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