Carignan — Paroles de vignerons - Vinparleur

Le Carignan est capable de tout, croyez-moi !

Permalien, par Sebastian Nickel

Présent essentiellement dans les vignobles méditerranéens de France et d’Espagne, il fait depuis très longtemps parti du Top 10 des cépages rouges les plus plantés au monde.

Mais comme d’autres grands cépages, tel le Pinot ou le Grenache, il se décline aussi en blanc et en gris, sur des productions néanmoins plutôt confidentielles. Les vins de Carignan portent donc toutes les couleurs, blanc, rosé et rouge, la dernière étant largement dominante. Issu de très vieilles vignes, de vignes d’âge moyenne, mais également de vignes jeunes (car on replante du Carignan depuis plusieurs années), les vins faits avec du Carignan proposent une large variété de saveurs et de styles. C’est en effet un véritable « cépage de terroir », qui réagit avec beaucoup de sensibilité aux sols et à son environnement.

Là en voilà un, de Carignan de terroir, les Vieilles Vignes 2016 de mon ami Pierre Cros. Lecteurs fidèles de ce blog, vous le connaissez désormais bien… À la fois pionnier et conservateur, il chérie depuis toujours les vieux Carignans (certains plus que centenaires) hérités de ses grands-parents. Il n’est néanmoins pas fermé aux autres cépages, car il en a plein d’autres sur ses terres du Minervois : Nebbiolo, Syrah et Cinsault, Aramon, Picpoul noir et Touriga Nacional, Vermentino, Grenache blanc, gris et noir… Pour n’en nommer que quelques-uns.

Mais revenons à son pur Carignan 2016. Vinifié en macération carbonique, c’est une explosion de fruits rouges et d’épices, agrémentés par quelques notes de végétal frais. Séduisant ! La bouche est suave et vive, dotée de tannins fins et structurés, qui apportent une agréable longueur. Grand cépage, grand millésime, grand vin ! Une belle preuve que le bon vin se fait à plusieurs, une collaboration réussite entre le cépage, le terroir, le millésime et le vigneron…

À déguster maintenant, servi légèrement frais, sur un magret de canard grillé ou à garder encore quelques années en cave.
Attention vieux #Carignan ! Pierre Cros Vieilles Vignes 2015

Permalien, par Pierre Cros

Une trentaine d’années de présence dans le Guide, une collection de coups de cœur. Quoi de neuf en 2017 ?

Les vieilles vignes de Carignan se fond une jeunesse, livrant des notes à la fois suaves et acidulées de fruits rouges, cerise et prune en tête. On ne trouvera pas de grosses extractions, ni l’austérité du fût (l’élevage n’est pas prolongé au-delà de six mois) dans cette cuvée qui met en avant la finesse de l’étoffe, son toucher soyeux, fondu et velouté. Une note de tartine beurrée nappée de caramel rappelle un élevage maîtrisé, en symbiose parfait avec le vin, qui apporte un surcroit d’élégance, de complexité et de plaisir. 2019 – 2025, avec un civet de marcassin.

Guide Hachette 2018
En #Minervois il fait bon boire la Tradition !

Permalien, par Sebastian Nickel

Un beau rouge dans les verres qui illumine la table, un bon rôtie de porc à la moutarde, croustillant à l’extérieur, juteux dedans, une cuillère de patates rissolées et d’haricots, quelques convives bien disposés… Il est dimanche, 12h30, on passe à table ! J’adore cette tradition, qui fait que le temps semble s’arrêter pendant quelques instants pour savourer avec nous ce moment privilégié autour de succulents mets et vins.

La cuvée simplement nommée « Tradition » de Pierre Cros se prête merveilleusement à ces moments. Minervois « pur souche » fondé sur une base solide de Carignan et de Grenache, assistés essentiellement par le Cinsault, ainsi qu’un chouia de Syrah, est pour moi le parfait « vin du dimanche midi ». Fruité par souhait, épicé comme il se doit, avec des tanins frais et dentelés qui réveillent et animent le palais. Quelques notes de noisette et d’ananas en finale peuvent provoquer un haussement de sourcils, indiquant qu’on est loin de la banalité gustative.

Reste le constat que le Minervois est une sacrée région viticole, tandis que le duo Carignan-Grenache est toujours imbattable ! C’est un vin qui plaît à tous et toujours, le dimanche, comme les autres jours de la semaine.
LE CHOC DES TITANS ! La prochaine battle #Carignan #Grenache à Marseille !

Permalien, par Sebastian Nickel

LE CHOC DES TITANS ! La prochaine battle #Carignan #Grenache en OFF de Millésime Bio. https://t.co/ch39ugpXSS @grenache_global pic.twitter.com/uPUjDolFBS

— Carignan Day (@CarignanDay) 15 décembre 2016
Pourquoi organiser un #CarignanDay ?

Permalien, par Sebastian Nickel

Tout a commencé en 2012, un peu comme un canular. Alors qu’il n’y avait des « Cépage-Day » pour les plus connus (Chardonnay, Cabernet, Malbec, Grenache…), il y en avait pas ou peu pour ce que l’on appelle aussi les cépages oubliés, anciens ou secondaires. Alors je me suis dis, pourquoi pas le Carignan ? Le premier CarignanDay est alors né le 29 février 2012. Si cela n’intéressait personne, on n’avait à le refaire que tous les 4 ans. Trompé me suis-je ! Le Carignan, ça intéresse plein de gens : vigneronnes et vignerons, amateurs, restaurateurs, sommeliers, scientifiques… À l’encontre des campagnes d’arrachage de ces dernières décennies, il y a des amoureux du Carignan un peu partout dans le monde.

Il faut dire que c’est à la fois un cépage génial mais aussi un cépage comme les autres. Un cépage génial, parce qu’on peut faire toute sorte de superbes vins avec et un cépage comme les autres, car il demande à être bien traité : il faut le planter dans un endroit qu’il aime, il faut le protéger contre les maladies, il faut maîtriser ses rendements, il faut le laisser le temps de mûrir (c’est un cépage tardif), il faut le vendanger au bon moment, il faut bien le vinifier et l’élever correctement.

C’est pour passer ce message, qu’il faut faire un CarignanDay. Mais aussi pour déguster de bonnes bouteilles, pour les partager et pour en parler, pour apprécier l’énorme diversité gustative que propose ce cépage méditerranéen et pour le faire connaître encore plus. Pensez à tous ceux qui n’ont jamais goûté du Carignan. Ils n’attendent que vous pour leur faire découvrir !

Excellent #CarignanDay à toutes et à tous !

PS : Suivez le Carignan sur www.carignan-renaissance.fr
J’apprécie… le Minervois Tradition 2014 de Pierre Cros

Permalien, par Sebastian Nickel

Il paraît presque un peu bête de souligner qu’un vin a des arômes et un goût de raisin frais. C’est évident, non ? Et bien, pas si évident que cela, car à travers la maturité, la vinification et l’élevage certains vins peuvent parfois s’éloigner de leur matière première. Ainsi, leurs bouquets nous suggèrent quantité de fruits (pêche, abricot, figue, banane…), d’épices (cannelle, vanille, poivre, badiane…) et même des végétaux (fougère, menthe, foin…), tout en cachant le raisin.

Ici ce n’est pas le cas. C’est du raisin pur ! Je l’entends même croquer dans ma tête à chaque gorgé. Bon languedocien traditionnel, il est fait en majorité de CARIGNAN, GRENACHE et CINSAULT, autorisant néanmoins à la grandiose SYRAH de participer au festin. Un élevage de quelques mois après vinification le protège des écarts de température et préserve fraîcheur et authenticité.

Raisin frais, cerise, cassis et fraises, un chouia de bois de sureau et puis c’est tout ! Fondu en bouche, avec une acidité vive et un beau grain de tanin discret. Généreux et fluide, il terminera avec les CARNIVORES la saison de grillades. Sous la pluie et les températures automnales, il bonifiera un coq au vin ou un risotto tomates séchées et jambon cru. Véritable vin multi talent, il offrira également de nombreuses possibilités aux HERBIVORES de se régaler : les premières poêlées de champignons, penne all’arrabiata, risotto au cèpes…
On ne peut plus mépriser les Mal Aimés !

Permalien, par Sebastian Nickel

Ce vin « entièrement fait main » existe depuis 14 ans, les vignes dont il est issu cumulent presque 400 ans d’âge. Son encépagement était quasiment une hérésie au début de ce millénaire, ce qui prouve l’histoire qui a sonné l’arrêt de mort de son prédécesseur : un AOC Minervois du millésime 1999 fait uniquement avec du PICPOUL NOIR. La vente de ce produit fut officiellement interdite, à cause de son cépage unique. Le PICPOUL NOIR fait pourtant parti de l’encépagement officiel du MINERVOIS et d’autres appellations prestigieuses, comme par exemple CHATEAUNEUF-DU-PAPE. Un coup de chance finalement, car cet incident a réveillé l’envie de PIERRE d’aller encore plus loin et de créer cette cuvée unique, élaborée entièrement de cépages quasi prohibés, mal vus et dans tous les cas mal aimés (PICPOUL NOIR, ARAMON, ALICANTE & CARIGNAN).

Certains de ces cépages ont aujourd’hui quasi disparus et tous ont été remplacés par d’autres cépages, les fameux « cépages améliorateurs ». Ceci semble d’ailleurs avoir entraîné un appauvrissement de la diversité de l’encépagement français, ainsi qu’un appauvrissement de la diversité gustative des vins. Ainsi 10 cépages couvrent aujourd’hui 70% de la surface viticole cultivée en France et une quarantaine de cépages seulement la totalité (source).

Sur VINPARLEUR on défend une politique très simple : on aime tous les cépages, sans exception. Plus il y en a, mieux c’est ! Pour convaincre ceux qui ne le sont pas encore, voici nos impressions gustatives des Mal Aimés 2012 :

De couleur grenat clair, légèrement voilé due à la mise en bouteilles sans filtration, ce Vin de France (anciennement Vin de Table) séduit par son bouquet intense et éclatant de fruits rouges et noirs, surtout marqué par le succulent caractère fruité-végétal du Cassis, ainsi qu’une poignée d’olives noires. En bouteille depuis deux ans, il s’ouvre en quelques minutes, s’enrichissant d’arômes de pâtisserie et de cacao bien gourmands. La bouche est plutôt légère et fondue avec une vivacité rafraîchissante. Peu tannique, ce vin possède néanmoins une belle structure soyeuse, avec une légère accroche donnant longueur et relief. À boire dès maintenant, ou à oublier pendant 2 à 3 ans dans la cave.

ACCOMPAGNEMENT HERBIVORE Sans hésiter, une lasagne d’aubergines !

ACCOMPAGNEMENT CARNIVORE Vous n’aurez que l’embarras du choix : côtes d’agneau grillés, boudin noir, rôtie de porc, jambon cru, tartines au pâté de sanglier, coq au vin…

PS POUR LES CURIEUX
ARAMON : 150 230 hectares plantés en 1958 - 9 084 hectares en 2004.
CARIGNAN : Il couvrait 43% des surfaces du vignoble du Languedoc-Roussillon en 1979, contre 13,5% en 2010.
PICPOUL NOIR : en 1990 quelques 200 hectares résiduels plantés.
source

Si on additionne les données de ces cépages avec les surfaces du CINSAULT NOIR, du TERRET et du GRENACHE BLANC, de l’ALICANTE BOUCHET et du MACABEU, ces cépages traditionnels des vignobles méditerranéens additionnent une chute des superficies de 260 000 hectares entre 1979 et 2010…
(source)
Pourquoi j’aime le #Carignan - Notre cépage du mois

Permalien, par Sebastian Nickel

Que dire sur le Carignan, à part que j’aime ce cépage ? Vous vous demandez pourquoi ?

RÉPONSE COURTE : Rendez vous dans une dégustation de Carignan et vous saurez !

RÉPONSE INTERMÉDIAIRE : Il a du caractère, du nerf, du fruit et des épices. Ces tanins sont frais et ont beaucoup de relief. Il peut vivre plus que cent ans. C’est un résistant : on ne voulait plus de lui, on l’a arraché, mais il est toujours là ! Il existe en trois couleurs, noir, gris et blanc, comme beaucoup de grands cépages. Il nous donne des vins de plaisir, des vins pour la table et des vins de garde.

RÉPONSE DÉTAILLÉE : Je l’ai rencontré pour la première fois dans mon verre à la fin des années 90. J’ai commencé à travailler avec lui en 2002, en Languedoc, plus précisément dans le Minervois. Pour ceux qui ne s’en rappellent pas : il a plu en septembre 2002. Beaucoup. Il y a eu pas mal de dégâts dans les vignes un peu partout, et je me rappelle d’une parcelle de Carignan centenaire inondée. La parcelle était (et est toujours) située dans un terroir que l’on appelle « Les Aspres », ce qui désigne habituellement les terroir caillouteux et secs. Ici les vignes plongent leurs racines dans 50 cm de sol environ, avant de se heurter à une dalle rocheuse. C’est cette dernière d’ailleurs qui a provoqué l’inondation, car les trombes d’eau tombées ne pouvaient tout simplement pas s’en aller vers des couches de sol inférieurs. Personne ne croyait au millésime 2002 et il est vrai que quantité de raisins ont été touchés par la pourriture et une partie des vins élaborés semblaient un peu « dilués ». Mais ce Carignan 2002, j’en ai encore dans ma cave. Il a aujourd’hui presque 13 ans et il est encore magnifique !

Je l’ai retrouvé en 2003, année de canicule. C’est encore lui qui s’en est sortie le mieux, avec ses vieux collègues régionaux (Terret, Alicante, Cinsault, Picpoul…). C’est curieux, non ? Et pourtant, il y a encore de nos jours des gens, des experts même, qui font la différence entre ces cépages traditionnels et les cépages « améliorateurs », pour la plupart venus d’ailleurs et pas forcement adaptés au conditions parfois extrêmes des vignobles méditerranéens. Ce que dont chaque cépage a besoin, c’est un terroir adapté et un climat adapté, un rendement réfléchi, un soin convenable, une vinification et un élevage valorisant. Et il nous donnera du bon vin. Tout simplement.