Je sais que la Bourgogne n’est pas une référence pour tout, mais c’est une référence tout de même. En tout cas autant que le vignoble au sud d’Epernay en Champagne, surtout en matière de Chardonnay...
Jusqu’à là plutôt habitué à des champagnes tendus et fruités, la diversité aromatique du Clos l’Abbé me surprend. C’est la première bouteille « finie » que Hubert me fait goûter. Le vin a beaucoup gagné en volume et en complexité lors des derniers mois d’élevage, et je sais que cette richesse ne provient pas du dosage, car avec ces 5 grammes par litre, ce vin est plutôt un « extra brut ».
Dans le verre, l’Abbé se montre élégant et distingué, avec une brillance argentée et des bulles fines et légères. Au nez je trouve d’abord des fruits secs, des abricots acidulés et de la pâte d’amande, agrémenté de notes grillées et fumées qui se développent au bout de quelques minutes de patience. C’est un nez jeune et mûr à la fois.
Riche, gras, presque vineux, l’Abbé a du corps ! et montre une certaine abondance, ainsi qu’une légère structure tannique en finale, ajoutant du relief et du nerf. Finale plutôt longue d’ailleurs, tenue par une belle acidité, une délicate effervescence et des arômes d’un élevage très réussi. L’ensemble est juteux et plein de sève, agréable à mâcher. On aime se « laisser faire » du début jusqu’à la fin.
C’est un vin qui suffit à lui-même, un bon compagnon de bouche à savourer les yeux fermés. Certains fromages, tel un Brillat-Savarin, ou un Soumaintrain pas trop affiné, pourraient également lui convenir, tout comme des poissons à chair grasse ainsi que des écrevisses. Et j’oserai même le mettre sur un faisan ou des perdreaux aux cèpes frais.
Un vin qui laisse ses empreintes au palais, comme un grand Meursault...
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