Pourquoi avoir créé le Carignan Day – journée internationale dédié au Carignan ?
La réponse la plus spontanée serait certainement « pourquoi pas ». Le Carignan est un cépage noble qui s’aligne parfaitement avec le Cabernet sauvignon, le Chardonnay, le Grenache ou encore le Malbec, variétés de vigne qui ont déjà leurs propres « journée mondiale ». Alors, pourquoi écrire sur le Carignan, pourquoi le mettre en avant, pourquoi le défendre ?
Par défi d’abord
Car on pourrait avoir l’impression, que c’est un cépage « pourchassé » et officiellement mis à l’écart. Une petite visite sur internet en donne un exemple : Tandis que sur un grand site dédié à la viticulture française le Carignan figure encore parmi les cépages rouges les plus plantés en France, il a mystérieusement disparu quelques pages plus loin, lors de la présentation des principaux arômes des cépages rouges. Ce cépage donnerait-il donc des vins inodores ?
Préparation et entrainement pour le CarignanDay chez Pierre Cros
Pour ses qualités œnologiques
Hormis le fait que le Carignan peut produire des vins fantastiques en mono-cépage (les exemples deviennent aujourd’hui presque légion), c’est surtout un excellent cépage d’assemblage. Qualification plutôt désobligeante dans l’opinion publique, c’est en vérité une dénomination noble. Car le vigneron n’assemble pas par désespoir, mais après réflexion et dégustation, pour obtenir le meilleur résultat possible pour son vin. Et nombreux sont les vignobles dans lesquelles l’assemblage est tradition : le Languedoc, la Provence, la Vallée du Rhône, le Bordelais, la Champagne… Dans le sud, l’acidité quasi légendaire du Carignan sait aussi bien calmer le feu d’un Grenache, que renforcer la colonne vertébrale d’une Syrah très large. Souvent en bout de ligne sur la contre étiquette, avec une participation de seulement 5% ou 10%, sa contribution à l’équilibre de ces vins est néanmoins loin d’être négligeable. Vous en doutez ? Alors imaginez seulement l’impact gustatif d’un même pourcentage d’eau dans votre vin…
Pour son goût « paysan chic » et « légume oublié »
Fruits noirs et mûrs, odeurs de sous-bois et de terre, cuire et vieux bois, pruneaux, olive noire… une vieille bouteille de Carignan sur un fromage d’Époisses ou sur des Bécasses truffées représente un plaisir gustatif sans précédent.
Rien de tel qu’un bon vrai Carignan (pourquoi pas en rosé cette fois ci ?) pour accompagner une salade de fèves d’Aguadulce, avec des Vitelottes sautés et une côte de porc Cul Noir du Limousin.
Et si en plus vous connaissez le vigneron…
Pour qu’il ne disparaisse pas
Encore présent dans de nombreuses appellations d’origine protégées (AOP) méditerranéennes, il s’y trouve néanmoins souvent limité à 50% et moins, voir en a été exclu et remplacé par ces fameux cépages « améliorateurs » lors des derniers remaniements des vignobles méridionaux.
Pour préserver une vraie identité des vignobles méditerranéens et pour la diversité du goût
Quel avenir pour les vignobles autour de la mer « au milieu des terres » ? Car le Carignan, jadis cépage roi des départements du Midi, se voit aujourd’hui fortement concurrencé par le Grenache et côtoie depuis de nombreuses années des Chardonnays, Sauvignons et autres Merlots. On dit du dernier d’ailleurs qu’il serait devenu aujourd’hui le premier cépage de France (ah, les chiffres et les statistiques…). Mais, s’il vous plait, ne me comprenez pas mal ! Je n’éprouve aucune envie de dénigrer ces « autres cépages » ou de mettre en question leurs qualités gustatives, ni même la place qu’ils occupent dans les vignobles méridionaux. J’affectionne le Grenache, je respecte la Syrah, je me laisse souvent surprendre et impressionné par le Cabernet et plus l’été avance, plus ma soif de Sauvignon augmente… Adepte de la diversité du goût, je crois qu’il y a assez de place pour tous les ceps. Mais n’oublions pas les anciens ! Carignan, Terret, Picpoul, Cinsault – ce sont probablement eux qui affineront au final la véritable identité des appellations d’origine méditerranéennes. Ne serait ce que par leur âge : Vielle Vigne en langue Carignan signifie souvent un siècle…
Parce qu’il fait bon boire du Carignan. Tout simplement…