Parfois il faut être patient dans la vie, surtout dans la vie du vin. Deux ans de garde sous bois, puis 8 ans de maturation en bouteille dans les caves du Château du Cèdre pour ce Cahors « Grand Cru » du mythique millésime 2000.
Je sors un bouchon sans imperfection de la bouteille (il a une odeur agréable de liège et de fruits secs) et verse un vin rouge et sombre, mais plus diaphane qu’attendu dans le grand verre que j’ai choisi. Je crois que ce vin aura besoin d’espace…
Je ne suis pas mal surpris quand je rencontre un nez frais et encore jeune en m’approchant du verre. De la griotte surtout, avec un peu de cassis, et tout un tas d’arômes hésitants qui semblent préférer rester cachés au fond du verre. Je choisi une carafe assez étroite et y transvase assez rapidement le vin, en faisant attention de bien le séparer de son dépôt granuleux qui s’est formé au fond de la bouteille au cours des dernières années.
Et voilà que le bouquet commence à s’ouvrir : vanille, cannelle et noisette, puis du girofle se joignent aux fruit de plus en plus puissant et mure, laissant de la place à l’olive noir et du citron confit au fond du verre.
A l’attaque, la bouche est dominée par la minéralité et des tanins non pas sans caractère mais aussi avec beaucoup de grâce et délicatesse. Montant continuellement en puissance, ce vin gagne rapidement une belle ampleur qui reste néanmoins soutenue par l’acidité. La finale est longue et généreuse, mêlant du bois de cèdre, un soupçon de fumé et du poivre blanc à la griotte confite à l’eau de vie.
Le tout dégusté sur un Duo de Faisan, relevé avec un savant mélange d’épices orientales et occidentales (laurier, genièvre, curcuma, coriandre, gingembre et citron…), posé sur un lit de lentilles noir et de fines tranches de lard…
Un vin riche et savoureux aujourd’hui et encore pour quelques années… La patience, vous savez, parfois elle paye !